En visite
en France jeudi et vendredi, le Premier ministre ukrainien, Volodymyr
Hroïsman, revient sur les relations de son pays avec Moscou.
A 38 ans, Volodymyr Hroïsman est le plus jeune Premier ministre de
l’Ukraine indépendante. En poste depuis avril, il est perçu comme l’homme du
président Petro Porochenko, son allié de longue date. Il se voit avant tout
comme un bon manager et un réformateur prudent. Volodymyr Hroïsman sera en
France jeudi et vendredi pour des rencontres de haut niveau.
Votre président a rencontré Poutine,
Merkel et Hollande le 19 octobre, afin de relancer le processus de paix
dans l’est de l’Ukraine. Comment mener les réformes que vous défendez dans un
pays en guerre ?
Ce conflit, ce n’est pas seulement un
défi pour l’Ukraine, mais bien pour toute l’Europe. Il ne faut pas se voiler la
face. Considérons la Crimée. Avant l’annexion par la Russie en 2014,
c’était une grande zone balnéaire. Aujourd’hui, c’est une base militaire, qui
pose un danger pas seulement à l’Ukraine, mais au monde entier. Il faut réagir.
Et il faut comprendre que la frontière que notre armée protège, ce n’est pas la
frontière orientale de l’Ukraine, mais de l’Europe. Là-bas, nos forces armées
font face à l’armée russe, l’une des plus puissantes au monde. La guerre est un
défi évident. Mais l’Ukraine, ce sont 45 millions d’habitants, avec
leurs besoins, leurs activités, leurs ressources, leur potentiel. L’économie
ukrainienne a ses logiques propres, qui se développent malgré la guerre.
La Russie était il y a peu le principal
partenaire commercial de l’Ukraine. Comment développer l’économie nationale sans échanger avec la
Russie ?
La Russie a traditionnellement entravé
le potentiel économique de l’Ukraine afin de nous maintenir dépendants.
Aujourd’hui, nous avons perdu notre accès traditionnel au marché russe. La
réorientation qui nous a été imposée, vers l’ouest, aide à la modernisation de
l’économie. C’est un défi certain, mais nous en sortirons renforcés.
Il semble que l’Ukraine redresse la tête
après une grave récession. Quelles garanties pouvez-vous donner à d’éventuels
investisseurs que leurs projets seront protégés contre la corruption et les
abus qui caractérisent toujours votre pays ?
Il est dans l’intérêt de notre pays que
ces investissements ne soient pas seulement protégés mais aussi fructueux. Nous
avons entamé une réforme judiciaire d’envergure afin que les abus de
fonctionnaires corrompus soient punis. De même, nous avons lancé les réformes
de la fonction publique, de la décentralisation, de la dé-oligarchisation. Nous
travaillons à un développement sain de notre pays, afin d’en favoriser
l’intégration européenne. Quand on parle de la réforme du secteur de l’énergie,
savez-vous qu’Engie [ex-GDF Suez, ndlr] envisage d’opérer en Ukraine? Avant, cela aurait été
simplement impossible, à cause de la corruption du secteur. Evidemment, il y a
des problèmes. Mais nous avançons dans la bonne direction. Le point faible,
c’est que nous n’allons pas assez vite, c’est tout.
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