Le
président russe, revenant sur de précédents propos, a justifié, dimanche, le
pacte germano-soviétique de 1939, cette alliance entre le nazisme et le
communisme qui avait conduit au partage de la Pologne.
Vladimir Poutine a une vision de l'histoire soviétique à géométrie
variable. Dimanche, en compagnie d'Angela Merkel, le président russe a justifié
la signature du pacte germano-soviétique, traité de non-agression entre les
deux pays conclu en août 1939. «L'Union soviétique a fait un tas d'efforts pour
créer les conditions favorables à une résistance collective au nazisme en
Allemagne… mais tous ses efforts n'ont pas été couronnés de succès», a déploré
le chef du Kremlin. Avant d'ajouter: «lorsque l'URSS a réalisé qu'on l'avait
laissée toute seule face à l'Allemagne d'Hitler, il a pris des mesures visant à
éviter un affrontement direct, et le pacte Molotov-Ribbentrop a été signé».
Le président russe s'est bien gardé de
parler du protocole secret qui avait été attaché à ce «pacte
Molotov-Ribentropp», dont
l'existence n'a été dévoilée aux Russes qu'après la chute de l'URSS, et qui
prévoyait un partage de la Pologne entre les deux puissances. Dans la foulée,
Moscou avait annexé au début de la guerre les pays baltes, décision que
Vladimir Poutine justifie tacitement, mais que la chancelière allemande a
jugée, au contraire, «illégitime».
Six
ans plus tôt, Vladimir Poutine avait condamné ce pacte germano-soviétique.
«Toutes les tentatives d'apaiser les nazis entre 1934 et 1939 par divers
accords et pactes étaient moralement inacceptables et politiquement insensées,
nuisibles et dangereux», avait-il déclaré le 1er septembre 2009 à Gdansk, en
Pologne, lors du 70e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale.
A l'époque, Vladimir Poutine était
premier ministre et l'heure était à la condamnation, encore timide, des crimes
du stalinisme, et aux tentatives de réconciliation avec la Pologne. Huit mois
plus tard, le chef du gouvernement russe était venu dans la forêt de Katyn, s'incliner devant les tombes de 4.400 officiers
polonais tués sur ordre du Kremlin, durant la Seconde Guerre mondiale.
Pendant des décennies, Moscou s'est
efforcé de faire endosser à la Wehrmacht la responsabilité de ces massacres. Au
total, «la petite terreur» stalinienne des années 39-40, comme l'appelle
l'historien américain, Timothy Snyder, aura coûté la vie à 21.892 citoyens
polonais.
Aujourd'hui,
Vladimir Poutine redevenu président, est à la tête d'un État engagé, selon ses
contempteurs, dans un processus rampant de réhabilitation de Staline, comme l'a notamment montré la commémoration, en
grande pompe, du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le
ministre russe de la culture, Vladimir Medinski, auquel le chef du Kremlin a
apporté son soutien, qualifie le pacte germano-soviétique de «succès éminent»
de la diplomatie stalinienne.
Ce 8 mai, des militants communistes ont
inauguré à Tver (ouest de Moscou) un buste du dictateur et général en chef de
l'armée rouge. Surtout, à la faveur de la crise ukrainienne, les relations
russo-polonaises se sont très fortement dégradées, expliquant le silence du
président russe à l'égard des crimes staliniens commis contre la Pologne.
No comments:
Post a Comment